Rock, funk, pop & electro dans le nouveau 6:33
Le voilà ENFIN, le nouveau joyau de nos Français de 6:33 que nous attendions impatiemment, tant son prédécesseur, sorti presque 7 ans plus tôt, nous avait surconquis en laissant une marque indélébile dans notre cerveau gourmand (lire notre chronique de Deadly Scenes). La pression était donc à son comble, d’autant qu’un bon nombre de choses ont changé depuis 2015 : le groupe troque ses masques d’horreur pour des bombers d’étudiants américains, et le lineup se voit partiellement renouvelé.
Ce Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome, soigneusement concocté par le prodigieux Nicko Pascal (guitares) et bonifié par l’excellent Florent Charlet (chant), contient ainsi son lot de réjouissances, à commencer par une entrée en matière ultra efficace sur "Wacky Worms" où on retrouve immédiatement la patte du groupe, et où le compositeur n’a, semble-t-il, pas hésité à s’amuser comme un fou aux synthés. Une ambiance similaire colore "Act Like An Animal", tout premier extrait révélé cette année et vrai « welcome home » qui nous ramène ici et là à de grands favoris tels que "Ego Fandango" et "Black Widow".
On ne s’arrête pas en si bon chemin : "Holy Golden Boner" surenchérit au moyen d’un refrain rudement addictif tout de swing vêtu, tandis que des sonorités plus brutales viennent saupoudrer ce tube du tonnerre. Puis, l’électro intervient et change complètement la donne : on se surprend alors à voyager d’une décennie à l’autre tout en souplesse grâce à cette véritable machine à remonter le temps ! Les 1940s marquent élégamment "Downtown Flavour", une instrumentale qui aurait été idéale pour illustrer l’histoire d’un détective de Chicago forcé à mener sa dernière enquête.
Les passages les plus dansants nous rappellent avec ravissement les péripéties de nos clowns et nains sur "Giggles, Garlands & Gallows" qui clôturent le deuxième album The Stench From The Swelling (2013). Au fil des écoutes, on se rend également compte de la force de "Rabbit In The Hat" avec, notamment, un des crescendos les plus transcendants accentué par le chant passionné de Florent et Bénédicte Pellerin, qui avait déjà prêté sa voix à Deadly Scenes, sans compter les harmonies extrêmement bien ficelées.

The Dome, vous l’aurez compris, est donc imprégné d’images, sans compter que les photos promotionnelles recèlent tout un tas de références cinématographiques qui parleront à un bon nombre de Millenials. Ce kaléidoscope sonore atteint son paroxysme sur "Prime Focus", où 6:33 expose une impressionnante symphonie que l’on doit à Emmanuel Rousseau et qui, justement, rappellent fortement les bandes-originales que Danny Elfman et John Williams ont pu élaborer sur Beetlejuice et Hook.
On se plaît à surfer sur une vague de synthwave avec "Party Inc". Appuyé par des guitares et une batterie bien investies, le morceau propose par la suite des ambiances plus prog’ et nuancées héritées de Papa Townsend. L’ambiance tech-house est d’autant plus assumée sur "Release The He-Shes", où on adore se délecter de la voix sensuelle, et on ne peut qu’applaudir le soin apporté aux détails dans les synthés. "Flesh Cemetery" explore des contrées funk et pop exquises, et le taquin "Hot Damn Chicas" met en valeur la voix variée et très joueuse de Bénédicte, prouvant à ceux qui ne l’avaient toujours pas compris que 6:33 ne se donne absolument aucune limite !
Forcément, un cocktail aussi corsé et savoureux engendre l’arrivée d’un "Hangover", compo’ finale qui, tranquillement, fait s’exprimer l’âme de Mister Patton à travers l’enveloppe charnelle de Florent pour son intro, puis déploie un propos complexe avant une fin, certes abrupte, mais précédée d’un bouquet final non dénué de nostalgie.
6:33 parvient ainsi à nous offrir une entière satisfaction sensorielle grâce à cette œuvre jouissive et survoltée autant dans ses couleurs que dans ses sons, injectant moult éclats dans nos oreilles contentées. L’expérience n’en sera que plus enrichissante avec les concerts qui, nous le savons déjà, sauront mettre en valeur l’un des meilleurs albums de l’année 2021 !
TRACKLIST
1 – Wacky Worms
2 – Holy Golden Boner
3 – Prime Focus
4 – Party Inc
5 – Hot Damn chicas
6 – Rabbit in a Hat
7 – Release the He-Shes
8 – Downtown Flavour
9 – Flesh Cemetery
10 – Act like an Animal
11 – Hangover